Après avoir battu Le Pen, adhérez au parti communiste pour vous donner de la force face à Macron !

Témoignage CUBA 2024

Mission Cuba Coopération France : projets proposés par les Organisations Cubaines La Havane- Cienfuegos 17 avril- 4 mai 2024
Dimanche 19 mai 2024

merci à notre camarade Yves pour ce témoignage qui complète utilement l’interview du Président cubain Miguel Díaz-Canel par Ignacio Ramonet. Nous devons agir pour que les institutions françaises regardent les possibilités réelles de coopération utile avec Cuba, et nous pouvons notamment agir pour que la métropole du Grand Lyon, qui a une politique de coopération internationale s’en saisisse.

Mai 2024

Témoignage sur la situation à CUBA

Après la mission CCF de recueil et d’évaluation préliminaire des projets proposés par les Organisations Cubaines

La Havane- Cienfuegos 17 avril- 4 mai 2024

En résumé

Sans avoir la prétention de connaitre tous les tenants et aboutissants qui façonnent ce territoire et la société cubaine, ce texte rédigé par un coopérant qui a voyagé, opéré en Afrique et en Inde constitue un rapport d’étonnement qui à partir d’éléments factuels, de verbatims et de constats visuels permet de rétablir une vérité objective de la situation à Cuba.

Cuba est un pays pauvre en ressources dont le PIB par habitant est de 9499 USD en 2021, il est classé en 120 ou 131e position sur 191 selon les sources, et pourtant ce pays se place en haut du tableau en termes d’indice de capital humain ICH (*) : avec un score de 0,755 qui le positionne en 23e position soit au niveau de la France et de l’Allemagne et par exemple nettement au-dessus des Etats Unis classés seulement 35e. D’où vient cette performance concrète que cherchent généralement à cacher nos médias occidentaux ?

Après trois semaines à sillonner les régions de la Havane et de Cienfuegos, à échanger avec les acteurs du développement, à voir et scruter les lieux et les moments de vie des cubains, les faits et les marqueurs concrets du niveau de développement de la société confirment ce que les indicateurs nous donnaient à penser :

Le pays est pauvre et le blocus le contraint sévèrement en empêchant vraiment les investissements étrangers et les aides qui sont nécessaires pour générer des développements productifs indispensables. Malgré cela tous les services publics essentiels que sont l’éducation, la santé, la sécurité et les biens de première nécessité sont remarquablement assurés, incomparables avec ce qui existe dans une majorité de pays du monde. Ils sont les marqueurs d’une société très évoluée en termes de bien-être social. Dans le même temps les infrastructures (routes, réseaux électriques et de communication) sont maintenues à un niveau opérationnel acceptable qui révèle une maitrise méthodique de la sobriété budgétaire à laquelle ils sont contraints. (Rien de comparable par exemple avec les situations chaotiques rencontrées en Afrique ou en Asie). Si certains aliments tels que les œufs et le lait sont en disponibilité insuffisante, les Cubains ne manquent pas de nourriture et les légumes, les fruits et la viande sont disponibles en tous lieux. Le problème alimentaire semble plutôt résider dans des habitudes de malbouffe à l’américaine qui génèrent visiblement une augmentation des cas de surpoids et d’obésité.

Plus surprenant la communication est libre et l’usage d’internet est généralisé sur l’ile (en 2021, 71% des cubains étaient des internautes), une majorité de Cubains possèdent un smartphone et échangent en permanence par Visio y compris avec l’étranger. (Une déception pour ceux qui voudraient déconnecter).

Enfin et surtout il faut dire qu’à l’inverse de nombreux pays dans le monde et en particulier de son grand voisin envahissant , Cuba est une île ou on se sent en totale sécurité et où on voit que la population y vit en paix et en sécurité. A l’heure ou en France la police et les forces de l’ordre quadrillent nos villes pour réprimer la délinquance et « nassent » nos manifestations, quel plaisir de voir une société sans présence policière pesante.

Mais Cuba fait face à une situation complexe liée à trois problèmes qui rendent son avenir incertain, le blocus financier réduit ses capacités de développement et pourrait finir par ébranler l’édifice social à force de restrictions, le problème monétaire accru récemment par la décision gouvernementale, très critiquée, de supprimer la monnaie réservée aux Cubains, une décision qui accroit les phénomes spéculatifs liés au taux de change avec une action très sournoise à ce sujet menée par les Cubains de Miami qui favorisent artificiellement la dépréciation du Pesos et enfin un problème d’émigration puisque de nombreux Cubains en particulier des jeunes formés et diplômés choisissent de partir pour gagner de l’argent (aux USA à 80% et en Espagne à 10%) quitte à laisser leur famille à Cuba pour continuer à bénéficier des avantages sociaux Cubains inexistants aux USA.

L’intelligence politique et la cohésion sociale sont certainement les deux leviers pour relever ces trois défis et préserver un modèle qui protège massivement la population d’une misère telle qu’elle existe ne serait- ce que dans une grande partie de l’Amérique latine.

Pour terminer ce résumé, je peux dire que cette mission organisée avec et grâce à l’association Cuba Coopération France (**) a confirmé la valeur inestimable des actions de coopération pour soutenir Cuba et son peuple, et pour permettre à ce modèle économique de continuer à se développer envers et contre l’adversité brutale de son voisin étatsunien dont on connait les ambitions impérialistes.

(*) : L’indice du capital humain est mesuré sur une échelle de 0 à 1, où 1 représente l’atteinte du plein potentiel. Un score de 1 indique que toute la population bénéficie d’une éducation complète et de qualité, ainsi que d’une bonne santé, reflétant ainsi l’idéal visé.

(**) un remerciement particulier au collectif dirigeant de CCF, Victor, Roger, Christian, Manuel, Bernard, Rémi et Liliane pour une organisation parfaite de cette délégation

Préambule

La mission de recueil et d’évaluation des projets de coopération organisée par l’Association Cuba Coopération France a été réalisée du 17 au 28 avril 2024 dans les régions de la Havane et de Cienfuegos.

La délégation comprenait 32 participants dont plusieurs élus de villes et collectivités (Bordeaux, Bonneuil, Tremblay en France, Villejuif…) et des membres de différents comités locaux dont une délégation de 5 membres du comité local Lyon Métropole.

Yves et Hélène COTTEN du Comité local ont décidé de prolonger leur périple jusqu’au 5 mai.

Le présent document n’est pas le compte rendu de mission et n’a pas un objectif opérationnel tel que Cuba Coopération les élabore.

Il s’agit plutôt d’un recueil de témoignages et de constats qui ont pour objectifs de permettre à chacun de mieux comprendre la situation réelle et objective de la société cubaine.

Disons-le sans détour, compte tenu des idées reçues et de la façon dont nos médias français relatent l’état de la situation à Cuba, ce qui ressort de cette plongée dans la réalité cubaine, c’est une véritable surprise et un étonnement car, loin des clichés catastrophistes qui polluent la vision occidentale (notamment du fait de l’entreprise de communication antisystème pilotée par les cubains de Miami et relayées par nos médias) , nous avons découvert, éléments factuels à l’appui une société bien vivante, où les infrastructures essentielles fonctionnent, où la pauvreté ne sombre pas dans la misère grâce aux services publics très opérationnels .

De nombreux problèmes freinent le développement de la société cubaine, le Blocus mis en place par les USA est le plus important et déterminant, mais il n’est pas le seul. En effet s’agissant de gérer une pénurie systémique et des difficultés énormes liées à ce blocus qui dure depuis plus de 60 ans et s’est récemment renforcé, les erreurs dans les choix de gestion et les lourdeurs bureaucratiques se payent plus cher.

Un premier biais vient perturber les appréciations et les impressions, Cuba est l’un des derniers pays socialistes dirigé par un Parti communiste, ce qui renforce l’exigence de réussite pour certains et plus généralement pour d’autres, constitue un apriori négatif difficile à surmonter même quand les réalisations sociales sont constatées.

Un autre biais courant de l’observateur occidental est de comparer en toute circonstance ce que l’on voit avec notre société, l’une des plus riches du monde ayant le plus accumulé, alors que Cuba, pays pauvre par ses ressources et colonisé historiquement doit précisément être comparé avec toute la partie du monde qui ne comprend pas « l’occident collectif ». Pour apprécier la situation dans un pays, il est important aussi d’avoir eu la même vision dans d’autres pays du monde en voie de développement, en Asie, en Afrique et en Amérique du sud.

Dans ce témoignage nous faisons un recueil de constats et de verbatims et nous essayons de traduire ces marqueurs en proposant des pistes de compréhension sans toujours avoir les réponses. En effet il faudrait vivre plus longtemps et dans plusieurs autres régions cubaines pour avoir une vision encore plus représentative de la situation.

Sommaire

-1- Préjugés et étonnement

-2- Une société en paix et en sécurité

-3- Des services publics essentiels opérationnels

  • Nous avons constaté l’importance de l’école et de l’éducation supérieure dans toute la société
  • Le Service de production et distribution de l’énergie est sous pression mais opérationnel
  • Le service d’enlèvement et de traitement des déchets est aussi sous pression mais fonctionne
  • Le service des transports, contraint à la sobriété, semble être le point faible
  • Le service des communications, une surprise

-4- Les trois problèmes majeurs de CUBA

  • Le blocus mené par les USA
  • Le système monétaire PESOS/DEVISES
  • La migration et la fuite des jeunes et des compétences

-5- La vie des Cubains

  • Le blocus mené par les USA
  • Des disparités
  • La nourriture
  • Le logement
  • Les femmes en force et à l’honneur
  • La fête, la danse et la musique
  • La religion et les croyances
  • La politique et l’engagement social
  • -6- Le tourisme à Cuba

-7- Cuba Coopération France une organisation efficace et reconnue en France et à Cuba

-1- Préjugés et étonnement

En préparant cette mission, nous avions une véritable appréhension sur l’état dans lequel nous allions retrouver Cuba (nous avions fait un voyage en touriste en 1989, 34 ans plus tôt)

Une amie qui avait passé un mois en touriste à Cuba en 2023 nous avait décrit une situation inquiétante, pas d’internet, insécurité liée au harcèlement de rue, infrastructure à l’abandon, désespérance, émigration massive, coupures électriques, difficulté de mobilité….

Un président d’une association caritative lyonnaise, vivant partiellement à Cuba, très orienté anti gouvernement, nous avait lui aussi décrit une situation critique et potentiellement dictatoriale, avec une corruption incroyable (mais concluant que « si le régime tenait, c’était uniquement avec l’appui des pauvres » ce qui nous avait finalement rassuré…). Déjà il nous racontait « qu’un salaire cubain permettait tout juste d’acheter 30 œufs », et qu’il connaissait un ami « dont même le jardinier avait décidé de partir à Miami », « qu’il n’y avait plus à Cuba que des vieux, tous les jeunes ayant migré aux USA »

Au sein même de Cuba Coopération France, notre association, la campagne sur l’urgence alimentaire visant à récolter des fonds pour envoyer des containeurs de lait en poudre laissait entrevoir la nécessité vitale de fournir de la nourriture à une population en manque crucial. Reconnaissons que l’organisation de ce type d’initiative humanitaire donne l’idée d’une situation sociale alarmante et au bord du gouffre.

Après quelques jours passés et de nombreuses rencontres, officielles, formelles et informelles, traversant de nombreuses contrées, villes, villages, zones urbaines et rurales, les impressions qui ressortent sont incroyablement dissonantes avec nos préjugés importés.

Quelques constats, marqueurs de l’état de la société Cubaine :

-2- Une société en paix et en sécurité

Au gré de toutes nos déambulations seuls, ou en groupe, le jour et la nuit, dans les endroits les plus divers généralement non touristiques, parfois reculés et dans certains quartiers insalubres (La Havane centre et Cienfuegos vielle ville) ce qui marque c’est le niveau très élevé de sécurité ressenti malgré l’absence quasi-totale de la police.

Durant notre voyage nous avons rencontré très peu de policiers et lors des manifestations grand public (Célébrations du 205e anniversaire de Cienfuegos et journée du Premier Mai) une absence totale de Forces de l’Ordre.

Dans certains lieux spécifiques et touristiques nous avons été abordés par des gens pratiquant une mendicité « touristique » demandant, mais rarement avec insistance des crayons, du savon ou du paracétamol dans l’objectif probable de les revendre, mais sans que cela atteigne des sollicitations telles qu’on peut en avoir dans les villes d’Afrique du Nord voir même dans certains spots touristiques européens..

Partout se promènent de jour comme de nuit des femmes seules, des enfants et des jeunes de tous âges dans une ambiance détendue qui tranche dans ce cas avec nos propres villes Françaises.

-3- Des services publics essentiels opérationnels

Les deux marqueurs sociaux les plus emblématiques et les plus visibles sont les services de santé et l’enseignement gratuits et accessibles à tous.

Nous avons constaté l’existence d’un service de santé qui irrigue la société, non seulement avec des hôpitaux en bon état (visite de l’hôpital de Cienfuegos) mais aussi et surtout avec des dispensaires et des pharmacies positionnés dans les quartiers et jusque dans les petits villages de montagne (Visite de l’hôpital de San Blas 500 Habitants).

Les personnes âgées sont suivies au travers « des casas de abuelos » dont les constructions se généralisent, sorte de maisons multigénérationnelles où les anciens peuvent venir de 7h à 18h pour jouer, se rencontrer, assister à des spectacles de quartiers, et être suivis par l’antenne de santé intégrée et le service social.

Autre réalisation étonnante, les centres éducatifs pour les Autistes, un niveau de prise en charge remarquable admis au-dessus de ce que nous faisons en France.

Le voyageur qui a traversé le monde ne peut que noter le niveau étonnant du service de santé qui explique sans doute le taux de mortalité infantile très faible (4.4 pour mille contre 5,4 par exemple aux USA et 20 dans les pays émergents tels que l’Inde l’Afrique du Sud l’Indonésie ou le Brésil) et l’espérance de vie de 80 ans pour les deux sexes qui place Cuba à la 31e place mondiale sur 183 pays (devant par exemple les USA en 35e position, la France étant en 10éme).

La seule remarque que nous avons entendue de la part de deux contradicteurs est que certains médecins proposeraient des services privés payants et donc non accessibles aux plus pauvres (Un sujet plausible mais à vérifier car étrangement ces éléments de langage sont assez précisément corrélés avec notre interlocuteur détracteur rencontré en France)

Soulignons que le point faible actuel du service de santé est le manque de médicaments, pour l’essentiel importés et que ce sujet est un véritable axe de solidarité et de coopération à développer prioritairement.

Nous avons constaté l’importance de l’école et de l’éducation supérieure dans toute la société

Les écoles de la maternelle à l’université sont partout et partout la population envoie ses enfants étudier. Il s’agit d’une fierté qui surgit à chaque discussion et y compris dans nos échanges avec des personnes aux conditions très modestes : « moi je vis seule dans un appartement très pauvre et dénué mais ma fille suit des études de médecine, même pauvres nous avons l’école et la santé »

De fait tous les matins, les midis et les fins d’après-midi la vie s’anime de tous ces enfants et ces jeunes en uniforme de l’école et en ville comme à la campagne le constat est frappant, nous n’avons vu aucun enfant à l’abandon. Au contraire nous avons ressenti qu’être un enfant à CUBA est un moment agréable de la vie.

Une remarque toutefois de la part d’un de nos guides traducteur et professeur : le niveau scolaire tendrait à baisser faute de suffisamment d’enseignants insuffisamment payés et à cause d’une évolution des mentalités de la jeunesse qui se détourne des activités scolaires et culturelles plus qu’avant. (Bien entendu compare qui veut avec notre problématique nationale)

Le Service de production et distribution de l’énergie est sous pression mais opérationnel

Pour le voyageur européen qui n’a pas visité l’Asie et l’Afrique, les coupures de délestage électrique (APAGON) qui traversent par zones le pays deux à trois heures par jour sont un repaire emblématique de la difficulté actuelle du service public à maintenir une disponibilité continue correspondant à l’augmentation constante de la demande dans le pays (multiplication des climatisations individuelles et collectives, usages domestiques croissants, croissance très rapide des besoins liés à la communication en réseau). Les causes possibles de ces coupures sont de différents ordres : économies de carburant souvent évoquées, mais surtout capacités de production disponibles insuffisantes pour les heures de pointe ce qui semble le plus probable puisque les coupures constatées étaient toutes entre 18h et 22h)

Toutefois pour un œil averti et en connaissance des états comparés de ce type de services dans le monde un constat s’impose :

  • Le réseau électrique ; lignes, transformateurs et postes sources apparait en bon état, (on est loin des pelotes de lignes et des transformateurs antédiluviens visibles en Asie et en Afrique)
  • Les efforts de mise en place d’équipements photovoltaïques (individuels et en centrales au sol) sont non seulement programmés mais aussi visibles en de nombreux points.
  • Les coupures sont des manœuvres de délestage essentiellement programmées et non impromptues, ce qui prouve que le système reste sous contrôle et n’est pas à la dérive opérationnelle.

C’est donc au niveau de la production et des investissements de production que le problème principal est posé. Et là le poids du Blocus est déterminant puisqu’il empêche avec une efficacité redoutable le financement de ces investissements très lourds nécessaires pour rénover et augmenter les capacités de production.

Un exemple concret que nous avons identifié lors d’une mission projet à San Blas (village de 500 Ha) est l’arrêt de fonctionnement depuis deux ans, faute de moyen de renouvellement, d’une centrale hydraulique (probablement 2 à 5 MW), La conduite forcée et le poste source restant en place.

Le service d’enlèvement et de traitement des déchets est aussi sous pression mais fonctionne

Ce domaine est planétairement le marqueur de l’insuffisance d’un service public opérationnel. Là encore rien de comparable avec ce qui se passe dans les pays émergents. A Cuba le constat visuel est que localement et de manière éparse des lieux de décharge sauvage existent sans pour autant constituer des volumes qui indiqueraient une absence de collecte périodique. Les villes sont maintenues propres par un ramassage journalier mais le système de collecte non sélectif et par sacs en plastique reste propice aux dispersions intempestives qui donnent en toute fin de journée une impression de saleté dans certains lieux de la ville.

A l’évidence il subsiste un problème qui relève de la discipline individuelle. Le constat le plus visible est de voir des gens jeter leurs cannettes de bière et ou leurs déchets papier directement sur la plage ou sur les bords de route.

Ce qui doit certainement être plus problématique est l’enfouissement et ou le traitement des déchets une fois collectés. Nous avons vu sommairement la grande décharge de la Havane et constaté l’absence d’incinération.

Un autre constat notoire est la propreté apparente de la mer sur les côtes (pour ce qui est de la côte caraïbe visitée). Les plages que nous avons visitées, parfois salies mais modérément par des déchets de visiteurs, se sont avérées absentes d’accumulation de déchets maritimes (bouteilles et déchets plastiques) comme on peut désormais le constater dans la plupart des mers et des océans. (cf les images sur l’Indonésie et sur nos propres côtes françaises)

Malgré ce constat nous savons que les égouts se jettent directement dans la mer sans passer le plus généralement par une station d’épuration ce qui doit nécessairement avoir un effet polluant délétère (notamment il est plutôt déconseillé de se baigner sur les Malécon de la Havane et de Cienfuegos pour cette raison.)

Le service des transports, contraint à la sobriété, semble être le point faible

En matière de transport il faut différencier le service aux cubains et le service mis en place pour le tourisme.

Sans l’avoir pratiqué nous avons vu que le service des autobus pour les Cubains était réalisé par des engins anciens et usés (dirait-on à l’africaine ou à l’indienne). Nos informations sont que dans ce domaine les investissements, les fournitures et les pièces de rechange de matériels souvent européens sont gravement restreints par le blocus.

Pour avoir pratiqué les transports touristiques (VIAZUL, TRANSTUR…) essentiellement constitués par des autobus modernes fournis ces dernières années par les Chinois, on ne peut que souligner leur confort, leur ponctualité et leur efficacité.

A noter que l’infrastructure routière est globalement maintenue en état de fonctionnement normal. Il y a des passages de route en état moyen comprenant des chaussées déformées mais nous n’avons pas constaté un abandon qui aurait conduit à des passages difficiles.

Pour confirmer cette appréciation nous avons plusieurs fois croisé des travaux de chaussée avec engins de TP.

Nous n’avons pas recueilli d’éléments sur les transports ferroviaires qui semblent exclusivement dédiés aux transports de marchandises et plutôt en mauvais état. Apparemment beaucoup de lignes sont abandonnées. (Une investigation plus précise serait à réaliser)

Le service des communications, une surprise

En arrivant à Cuba nous pensions être coupés du monde internet et des réseaux sociaux et nous avons immédiatement été étonnés par la couverture disponible pour les cubains et pour les voyageurs. Les relais de télécommunication plutôt récents couvrant l’essentiel du territoire.

Une majorité surprenante des cubains de tous âges (en particulier les jeunes) détenant un smartphone (Samsung ou asiatiques mais pas d’Iphone) et communiquant en permanence à la mode européenne ?

Une image symbolique de cette situation fut de voir les paysans cultivateurs de café (guajiros) dans la forêt au fond de la vallée de San Blas communiquer avec leur femme pour savoir à quelle heure ils rentraient manger. De voir une jeune fille de 17 ans à San Blas communiquer avec nous grâce à l’application de traduction de son smartphone !?

De voir aussi en toutes circonstance les uns et les autres prendre des photos ou communiquer en Visio !? (En particulier avec WhatsApp)

Concernant l’internet, il est globalement disponible pour un voyageur qui n’a pas pris d’abonnement local dans de nombreux lieux (Casa Particular, hôtels, restaurants et bars disposant de box wifi). Reste à vérifier si ce que nous avons constaté dans les régions de la Havane et Cienfuegos est valide dans le reste du pays.

Pour illustrer ce fait, nous avons fait la connaissance d’une femme seule (déjà citée précédemment) vivant dans un habitat globalement insalubre mais disposant de son smartphone et faisant régulièrement des Visio avec sa fille.

Pour ce qui est de la télévision, même si nous l’avons peu regardé, le constat visuel est que la plupart des maisons et appartement disposent de télé écran plat avec plusieurs chaines disponibles (à première vue les programmes ne sont pas très relevés et les séries brésiliennes à l’eau de rose continuent à occuper une part substantielle du temps d’antenne, c’était déjà le cas il y a 34 ans avec bien sûr en supplément à l’époque, les discours fleuves de Fidel)

La télévision reste une occupation majeure des habitants à partir de 19h en semaine, on peut le voir en circulant dans les rues et en voyant au travers des jalousies en fer forgé qui permettent de tout laisser ouvert aux vents traversant sur la rue sans laisser rentrer le passant.

-4- Les trois problèmes majeurs de CUBA

Le blocus mené par les USA

Lors de nos rencontres organisées par l’Ambassadeur de France à la Havane avec les entreprises Françaises (Pernod Ricard, Altadis, Air France, Air Caraïbe, Castel & Fromaget,…) nous avons pris la mesure de l’impact énorme des sanctions extraterritoriales imposées par les USA.

A titre d’exemple, la plupart des responsables d’entreprise Françaises à Cuba se sont vu supprimer leurs propres comptes personnels par nos banques françaises.

Le témoignage du représentant d’Air Caraïbe étant particulièrement édifiant ; son compte personnel à la Banque Postale a été radié sans avertissement depuis un an avec l’intégralité de ses avoirs !!! et il est en procès avec cette banque pour simplement récupérer ses économies. (Aucune justification si ce n’est la servitude lamentable aux obligations liées aux sanctions étatsuniennes, alors même que la loi européenne est sensée interdire les sanctions extraterritoriales)

Tous ont témoigné du blocus financier quasi-total imposé pour toute activité économique avec Cuba ce qui impose des manipulations sans fin pour opérer tout paiement.

Un autre témoignage venant du représentant de L’Agence Française pour le Développement AFD explique que Cuba n’ayant pas honoré une traite d’un financement provenant du Club de Paris (fonds européen) tous les prêts et toutes les subventions de programmes parfois élaborés depuis plusieurs années sont bloqués.

Concernant le tourisme il apparait que la désignation en 2021 (Décision BIDEN)de Cuba par les USA comme état terroriste dans sa liste noire, n’autorise plus (sans enquête préalable approfondie) le touriste de se rendre ensuite aux USA. Ce qui agit comme refouloir et freine beaucoup la fréquentation.

Le système monétaire PESOS/DEVISES

De nombreux témoignages montrent des récriminations quasi unanimes contre une nouvelle disposition monétaire établie par le gouvernement en 2021 supprimant d’une part la monnaie interne CUP destinée uniquement aux Cubains et permettant d’autre part les achats en devises (précédemment il fallait opérer un change de devise en monnaie touriste CUC avec des magasins dédiés).

Cette mesure de simplification et d’homogénéisation avec de nombreux autres dispositifs internationaux a provoqué une inflation car l’écart de pouvoir d’achat DEVISE/ PESOS à Cuba est très important et le fait de ne plus obliger le transfert devise/Pesos à l’entrée du Pays a enclenché une spéculation accrue sur les devises et une dévaluation relative du Pesos alors même que les cubains doivent acheter beaucoup de biens de consommations à l’étranger.

Et comme la spéculation est typiquement la spécialité des USA, on a vu apparaitre de surcroit un site internet (EL TOQUE*) financé par les cubains de Miami, animé par les « journalistes alternatifs » et sensé informer les cubains sur « le cours informel » du Pesos en devises. Et delà s’en suit une véritable manipulation de masse consistant à dévaluer artificiellement et à un rythme accéléré le cours du Pesos. Tous ceux qui spéculent sur les devises essentiellement venues du tourisme en profitent aux dépends de la population qui travaille et voit son salaire dévaluer.

* : https://en.eltoque.com/el-toque-a-social-innovation-project-for-a-transnational-cuba

La migration et la fuite des jeunes et des compétences

L’effet migratoire est une réalité perceptible, la présence des USA à portée de réseaux sociaux agit comme un pôle attractif notamment dans la classe la plus favorisée et la catégorie des jeunes les mieux formés.

Nous avons à ce sujet recueilli différents témoignages qui illustrent les différents cas qui se présentent concrètement.

Le représentant culturel de l’ambassade de France a vu « son jardinier très compétent partir pour les USA » un élément de langage qui semble faire le tour du petit monde français puisque déjà à Lyon nous avions entendu ce témoignage.

Tous nos hôtes au demeurant très sympathiques des Casas Particular ont vu leurs fils et filles émigrer récemment aux USA, c’est un fait et ils nous ont raconté le stress familial énorme que cela a provoqué :

  • Ma fille de 18 ans (une jeune réputée enfant gâtée et très marginale) est partie il y a 8 mois de manière illégale en passant par le Nicaragua, puis par une filière (celle qui fonctionne pour les milliers d’émigrants de tous pays qui transitent vers les USA en Amérique centrale) de passeurs au Guatemala et au Mexique, un pays extrêmement dangereux ou elle a dû rester plusieurs mois avant d’être tirée au sort (?) pour rentrer aux USA accueillie par des connaissances cubaines. Elle est aujourd’hui sans travail. Sa mère dit que cette émigration est purement économique et que pour l’instant c’est elle qui paye le nécessaire à partir de Cuba. Sa mère est complètement stressée par la situation et communique tous les jours avec sa fille en Visio.
  • Mes deux fils de 21 et 24 ans sont partis légalement il y a 18 mois, l’ainé en laissant leur femme et enfant à Cuba car « l’éducation et la santé sont hors de prix aux USA ». Le plus jeune travaille dans une menuiserie industrielle comme manœuvre et l’ainé, diplômé informatique à Cuba travaille désormais dans le Tennessee pour Amazon dans une aire logistique.
  • Ma fille de 23 ans est partie légalement il y a 8 mois avec son mari et sa fille de 6 mois. Lui travaille dans l’informatique et elle ne travaille pas. Ils ont actuellement des problèmes financiers car la fille a eu un accident de voiture et, blessée, elle doit payer avec l’aide de sa mère à Cuba les frais de rachat d’une voiture et semble-t-il des frais médicaux. Notre hôte de la Casa Particular parle avec amertume du « rêve américain » des jeunes qui se transforme en chemin de croix.

La question de l’émigration, désormais généralement légale, est un problème systémique pour Cuba qui forme d’excellents docteurs et ingénieurs dans ses universités gratuites et qui ne leur promet pas de faire partie d’une classe supérieure de salariés comme c’est le cas dans les pays occidentaux. Il se produit donc une fuite de compétence qui porte préjudice au Pays. Nous ne l’avons pas directement perçu dans nos rencontres mais nous avons entendu des témoignages en particulier à la Havane (le point de départ national des émigrés) qui confirment la difficulté que cela crée dans le fonctionnement des organisations privées et publiques.

Par contre, à contrario de l’élément de langage qui prétend que la jeunesse a fui Cuba et qu’il n’y a plus que des vieux, nous avons partout rencontré la jeunesse, aux études, dans les fêtes nombreuses, dans la manifestation du 1er mai et au travail.

Notre intuition, mais il faudrait le corroborer par une statistique fiable, est que l’émigration concerne une catégorie de la société cubaine, particulièrement les jeunes vivant dans la tranche la plus favorisée de la société qui évolue dans une démarche individuelle vers une envie de société de consommation. Ceci d’autant que les réseaux sociaux qui pénètrent désormais la société cubaine génèrent un marketing puissant pour ce modèle.

Bien que cette émigration ne soit pas politique, s’agissant d’une approche très individualiste, elle s’accompagne probablement sur le fond d’une remise en cause du système socialiste par ceux qui réussissent à en profiter.

A noter toutefois le réalisme qui caractérise les familles Cubaines d’émigrés qui reconnaissent rapidement dans la discussion que l’éducation et la santé qui leur sont données à Cuba restent hors de leur portée aux USA et qu’en conséquence l’émigration à but économique reste un pari risqué.

En 2023 pour mémoire, la diaspora Cubaine totalise 1,7 millions de personnes dont 80% sont aux USA et 10% en Espagne. Elle serait en croissance annuelle de près de 300 000 personnes en 2022.

-5- La vie des Cubains

Des disparités

Nous n’avons certes pas vécu suffisamment avec une ou des familles pour prendre toute la mesure nécessairement contradictoire des points positifs et négatifs de la vie des cubains. On pourrait d’ailleurs plutôt parler de la vie des différentes catégories de la population car la révolution a certainement résolu beaucoup de problèmes vitaux de la population, mais des inégalités, bien que fortement réduites, subsistent pour un ensemble de facteurs historiques et sociaux.

Le facteur historique est une intuition de notre part, pour une raison principale c’est que les cubains sont propriétaires de leur logement quand il n’est pas mis à disposition socialement (cités collectives construites après la révolution sur le même modèle que nos cités de banlieue).

Cette propriété remonte souvent à avant la révolution et mis à part les palais et grandes maisons bourgeoises qui ont été nationalisées pour en faire des immeubles administratifs ou culturels, de nombreuses maisons bourgeoises dans les centres-villes ont été conservées par leur propriétaires.

Lorsque en 2011 le gouvernement a décidé d’autoriser l’hébergement en Casas Particular (Maisons d’Hôtes), il a de fait contribué à reconstituer une petite classe aisée capable d’accueillir le touriste dans des maisons qui avaient gardé un certain cachet. (On parle par exemple de 300 Casas Particular pour la ville de Cienfuegos 150000 hab) . Pour ces privilégiés capables de recueillir les devises étrangères il ne fait aucun doute que le niveau de vie est devenu sensiblement supérieur au niveau moyen des Cubains.

Parmi les casas les plus bourgeoises, par exemple dans le quartier de la Punta de Cienfuegos notre information est d’ailleurs que les propriétaires ont émigré légalement après 2011 et louent désormais en totalité leur maison, ce qui illustre parfaitement le sujet.

Pour ce qui est des inégalités de niveau de vie elle est sans doute liée à l’existence d’une forte communauté de migrants vivant aux USA et procurant des ressources en devises ou en biens de consommation à leur famille.

Pour illustrer ce sujet nous avons pris connaissance de l’existence de plateformes numériques d’achat triangulaires qui permettent aux Cubains émigrés d’acheter et payer des biens de consommation sur des applications dédiées et spécialisées qui livrent en zone franche aux Cubains vivant à Cuba toutes sortes de biens de consommation.

C’est ainsi que les smartphones, les véhicules (voitures, scooters électriques…), les télévisions et quelques autres biens technologiques, mais aussi de confection tels que les chaussures Nike sont visiblement assez répandus au point de donner au voyageur l’impression d’un mystère économique. Comment de tels biens restent aussi répandus si les revenus ne permettent pas d’acheter des œufs ?

Nous avons aussi rencontré sans avoir pu le vérifier deux ou trois détracteurs (dont celui de Lyon) qui dénoncent le rythme de vie des dirigeants politiques qui se seraient honteusement embourgeoisés.

En connaissance de la faiblesse humaine il n’est pas impossible que cela soit le cas mais objectivement il serait étonnant que cela arrive au niveau de notre propre classe de parvenus en France.

La nourriture

Comme nous l’avons dit, en venant à Cuba nous nous attendions à trouver une situation critique sur le plan de la nourriture.

Le constat, factuel en tant que coopérant, puis touriste, est qu’à aucun moment un problème de nourriture n’est apparu. Tout au long de nos pérégrinations qui furent nombreuses, en ville, à la campagne la nourriture était disponible au restaurant, au bar, au magasin, à l’étalage et au marché.

Nous n’avons vu strictement aucune queue pour acheter de la nourriture.

La nourriture traditionnelle étant constituée de riz aux haricots, de ragout de porc, de poulet, et de poisson. Les « Viandas » féculents tels que patate douce ou banane plantin sont partout sur de nombreux étalages mobiles ainsi que les légumes tels que choux, concombres et tomates provenant des cultures locales et régionales. Et pour les touristes ou les repas de fête, les crevettes et langoustes cuisinées de différentes manières. Tout cela est à la portée de tous quel que soit le mode d’achat. (Reste à savoir quel est le pouvoir d’achat effectif des cubains pour toutes ces denrées,en plus de la « Tarjeta » qui constitue une distribution systématique de nourriture de base pour chaque Cubain, ce qui mériterait une investigation complémentaire).

Par contre la mauvaise nourriture au sens nutritionnel semble bien devenir un problème sanitaire car le taux de personnes grosses et en surpoids est élevé (sans atteindre la situation des USA).

Les cubains semblent beaucoup manger des sandwichs et ou pizzas, des gâteaux industriels et boire des boissons sucrée type jus de fruit industriels ou Tukola (production locale de coca cola).

Nous avons entendu plusieurs fois et lors de notre rencontre à Lyon une affirmation utilisant peu ou prou des éléments de langage identiques qui sonnent en fait comme un slogan de propagande : « avec le salaire moyen d’un cubain on ne peut pas acheter plus de 30 œufs ! »

Dans la réalité cela peut à la rigueur illustrer un manque de production et de disponibilité de cet aliment sur le marché, ce qui produit un effet spéculatif sur la part privée de distribution, mais preuve visuelle à l’appui, cela n’illustre pas une carence globale de nourriture qui affecterait l’état sanitaire de la population. Même constat concernant le lait.

Le logement

Il y a visiblement trois principaux types de logement :

  • Les maisons et appartements de ville dont nous avons précédemment parlé et qui présentent des disparités importantes. C’est en particulier dans ce type d’habitation que se trouvent les cubains les plus pauvres mais aussi les plus riches.

Les plus pauvres qui n’ont pas eu la ressource pour maintenir en état leur maison ou appartement dont ils sont propriétaires et qui se sont progressivement dégradé jusqu’à devenir insalubres (c’est le cas dans certains quartiers du centre historique de la Havane et probablement d’autres villes)

Les plus riches disposant de maisons ou d’appartements conçus pour la classe aisée d’avant la révolution et faisant souvent désormais commerce touristique de leur bien.

  • Les appartements de cités populaires, dont nous n’avons pas visité l’intérieur, qui doivent cependant rester d’un niveau de confort modeste, même si en leur temps ils ont dû constituer une remarquable avancée pour l’armée de sans logis qui peuplait Cuba au moment de la révolution. A ce type de logement il faut ajouter les nombreux logements de fonction et logement étudiants. (Dont certains installés dans les anciennes casernes Batista qui étaient immenses cf notre visite à la Havane).
  • Les maisons en banlieue et milieu rural, véritablement standardisées de 60 à 120 M2 et plutôt coquettes, de plein pied et disposant d’un jardin souvent potager et planté de bananiers. En circulant on voit la quasi-totalité de cet habitat mitoyen ou non selon les densités et la proximité des centres village. Le sentiment visuel est qu’il s’agit probablement de la population la mieux logée sur l’ile.

Les femmes en force et à l’honneur

Tout au long de nos rencontres ce qui nous a marqué c’est l’empreinte très forte de la femme dans la société cubaine. Elles constituent de manière emblématique 53% de l’assemblée nationale et ce n’est pas par hasard. Dans toutes les organisations populaires ou politiques, administratives ou associatives rencontrées lors de nos visites de coopération, on les voit et on les constate en position de direction et d’initiative.

De manière plus sensitive on les sent très à l’aise et libérées dans tous les lieux de travail et de vie. Plusieurs fois elles ont discuté avec nous du machisme et du patriarcat Cubain en recul mais bien réel. On sentait à cette occasion une conscience du combat nécessaire pour prendre toute sa place dans la société.

Dans les casas particular nous avons constaté que ce sont chaque fois les femmes qui gèrent les affaires de la famille.

La fête, la danse et la musique

L’activité dans ce domaine est hors norme par rapport à ce que nous connaissons en Europe.

Les écoles de musique et de danse sont nombreuses et l’activité culturelle ainsi que l’animation de rue sont promues à des niveaux remarquables.

Il nous est souvent arrivé de rencontrer dans la rue de manière inopinée des scènes de danse, de défilé, de concert, de jeu.

Les rires, les chansons les cris sont fréquemment au rendez-vous et l’ambiance est très chaleureuse. Les enfants jouent dans la rue après l’école et sillonnent en grappes les rues et les places,

La religion et les croyances

Peu visibles lors de nos pérégrinations, il n’était néanmoins pas rare de voir des images pieuses dans les casas et dans les habitations faisant même parfois ménage avec des portraits de Fidel.

En réalité la religion catholique quoique influente est minoritaire. La religion qui nous a-t-on dit est la plus répandue est la « Santeria », une croyance syncrétique afro cubaine particulièrement développée dans les campagnes.

Selon Wikipédia seulement 15% des Cubains seraient pratiquants d’une religion ce qui semble même élevé compte tenu du constat du peu de fréquentation des lieux de culte que nous avons pu déceler.

Nous avons eu l’occasion lors de nos visites de délégation de coopération d’être accueillis dans un temple de la santeria et d’assister à une cérémonie très animée et sympathique de ce qui pourrait être comparé à une religion animiste et naïve, pleines d’esprits à chasser etc…

La politique et l’engagement social

Lors de nos rencontres protocolaires dans le cadre de la présentation des projets par les organisations Cubaines, organismes d’état tels que le Ministère des relations extérieures, l’INRH ou collectivités telles que la ville de la Havane, la région de Cienfuegos, il était fréquent d’avoir un représentant du PCC, pendant politique de la structure élue de la collectivité.

Une discussion avec la responsable du PCC de la ville de Lajas (région de Cienfuegos) 21000 ha, nous a permis d’établir par exemple que le PCC dans cette collectivité avait 1745 adhérents répartis en 130 cellules de 12 à 18 adhérents. L’adhésion se fait après que la personne ait été identifiée et choisie par les assemblées populaires de quartier (structure non encartée) et qu’elle ait été parrainée par deux membres du PCC pendant un an.

Il faut savoir qu’à Cuba plusieurs Partis sont autorisés, mais très surveillés car généralement dirigés à partir des USA (Mouvement Libéral Cubain, Union Libérale Cubaine, Parti Démocrate-Chrétien de Cuba …) tout comme le PCC les partis n’ont pas le droit de présenter des candidats aux élections.

Pour plus de détails : voir « Politique à Cuba » sur Wikipédia

Nous avons assisté à Cienfuegos (150 000 hab) au défilé du premier mai organisé par la CTC (le syndicat Centrale des Travailleurs Cubain) qui a rassemblé une foule joyeuse et animée de 25 à 30000 personnes. Comparativement compte tenu des populations en présence, c’est un peu comme si une manifestation de 250 000 personnes s’était historiquement tenue à Lyon.

Musique, slogans anti blocus, pancartes du Che et de Fidel, danses, défilé en scooters, défilé de l’Union des Jeunes Communistes UJC, et en tout et pour tout deux motards policiers fermant la manifestation !

Ce qui marque le voyageur c’est l’ambiance très dynamique du défilé et les banderoles entreprises par entreprises, y compris les entreprises touristiques telles que Havana tour et Transtour.

Une question est restée en suspens, à savoir quel est le niveau effectif de conscience politique des adhérents du PCC, et jusqu’où l’adhésion est-elle ou n’est-elle pas motivée par l’ambition personnelle de gravir les échelons d’un système politique ou il n’y aurait pas d’autre opportunité de le faire ?

Une discussion politique approfondie serait nécessaire pour évaluer cet aspect qui serait révélateur de la solidité ou de la fragilité actuelle de l’expérience socialiste.

-6- Le tourisme à Cuba

En tant que coopérant il faut souligner que nous n’avons pas d’appétence particulière pour le voyage touristique en terme de produit de consommation tel que le propose « l’industrie mondiale du tourisme », mais s’agissant de Cuba il est évident que l’activité touristique est un pole d’activité économique très important qui conditionne dans une certaine mesure l’équilibre budgétaire du pays et constitue une ressource naturelle du fait de la beauté exceptionnelle et préservée de cette grande ile tropicale et des eaux qui la beignent.

L’objet du présent chapitre n’est pas de faire du racolage, mais objectivement le choix d’un séjour à Cuba présente de nombreux avantages touristiques :

L’infrastructure touristique est de très bonne qualité et actuellement sous fréquentée du fait des retombées du Covid et des sanctions américaines.

Si ont doit résumer les avantages :

Les hôtels, les maisons d’hôtes, les transports, la nourriture, les lieux à visiter, et surtout l’accueil des cubains dans un contexte rare de sécurité y compris sanitaire et une ambiance festive, tout cela constitue un fond de commerce exceptionnel. Et il ne fait aucun doute que Cuba est une destination touristique de premier choix.

-7- Cuba Coopération France une organisation efficace et reconnue en France et à Cuba

Au cours de cette mission, nous avons pu constater l’importance des nombreuses réalisations impliquant CCF, Dans l’assainissement avec l’INRH, avec les collectivités pour des centres culturels, des hôpitaux, des activités sportives des coopératives agricoles, partout ce qui marque c’est le concret des opérations menées et l’implication obtenue de collectivité françaises pilotées par l’association pour rendre efficace leur aide.

La qualité des relations humaines accumulées aux grés des réalisations de CCF avec les partenaires Cubains est impressionnante. Cette confiance établie est concrètement reconnue avec une admiration non dissimulée par l’ambassade de France à Cuba et par les représentants de l’Agence Française pour le Développement (AFD) qui s’engagent avec ténacité dans la coopération institutionnelle entre la France et Cuba.

Rencontrée dans la rue de la vieille Havane, une personne visiblement en opposition politique qui avait l’habitude d’aborder les touristes nous demanda insidieusement si « nous faisions de la coopération avec le gouvernement ou avec le peuple de Cuba ».

Au terme de notre mission d’exploration et d’identification des projets, la réponse nous est apparue clairement ; les opérations de coopération réalisées par CCF à la demande du gouvernement et des collectivités cubaines étaient toutes au service du peuple. Tous nos efforts profitaient concrètement et intégralement à un nombre impressionnant de Cubains et de Cubaines dans le cadre de services publics et gratuits.

En revenant nous étions plus motivés que jamais pour renforcer et aider notre association et son comité local : Cuba Coopération Lyon Métropole.

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut