Intervention de Patricia Téjas sur les Politiques Publiques et l’Immigration
Tout d’abord, je tiens à vous remercier chaleureusement pour l’invitation à participer à vos travaux. Je m’appelle Patricia Téjas, j’habite dans le Vaucluse, mais je me considère avant tout comme Marseillaise. Née et ayant vécu presque toute ma vie à Marseille, les sujets de l’immigration et du vivre ensemble me touchent de près, étant moi-même fille et petite-fille d’immigrés espagnols.
Mes grands-parents paternels ont quitté l’Espagne avant la guerre civile en 1931, poussés par la faim. Ils ont fait le choix de l’intégration, voire de l’assimilation, en interdisant à leurs petits-enfants de parler espagnol. L’intégration passait par la maîtrise exclusive du français. Ainsi, je connais mal l’histoire de mes grands-parents immigrés, et j’aurais préféré la connaître davantage.
Les politiques publiques, qu’elles concernent le logement, l’accueil ou autres, sont au cœur de nos préoccupations. Le projet de loi de finances et le projet de loi de finances de sécurité sociale pourraient bien être adoptés par l’article 49.3, ce qui signifie que la souveraineté populaire serait encore une fois bafouée. Cela explique en partie le découragement des électeurs, qui se tournent parfois vers des partis extrêmes comme le Rassemblement National ou le parti de Zemmour.
Le Parti communiste n’esquive pas la question des enjeux migratoires et de l’immigration. Nous avons déjà eu des débats en comité exécutif et un grand débat est prévu au Conseil national de février 2025. Cependant, des questions se posent au sein du parti, notamment sur la question des frontières. Nos documents de congrès évoquent un projet communiste visant à dépasser les nations, et donc les frontières, à long terme.
L’ONU consacre le droit de toute personne à quitter tout pays, y compris le sien, et à y revenir. Cependant, les rapports de force internationaux font que les pays riches multiplient les barrières physiques et juridiques. Par exemple, un passeport français permet de séjourner dans plus de 170 pays, tandis qu’un passeport afghan en permet moins de 30.
Les femmes immigrées sont souvent surexploitées. Dans les régions de maraîchage et d’agriculture, elles sont parfois payées en nature, comme avec des paniers de fraises ou des kilos de melons. Elles sont également victimes de menaces et de droit de cuissage.
Contrairement aux idées reçues, la part des populations migrantes n’a augmenté que de 2,9 % à 3,6 % en 40 ans. En France, cette part est passée de 7,6 % à 8 %, contre une moyenne européenne de 9 %. Il est crucial de déconstruire les clichés et de s’appuyer sur des faits avérés.
L’immigration apporte une richesse considérable aux pays d’accueil, mais aussi aux pays de départ. Les rapatriements de fonds internationaux, c’est-à-dire l’argent envoyé par les immigrés à leurs familles restées au pays, sont passés de 128 milliards de dollars en 2000 à 831 milliards en 2024.
L’AFD, chargée d’aider les pays en voie de développement, voit son budget amputé d’un cinquième dans le projet de loi de finances pour 2025. Cette agence, initialement destinée à aider ces pays, est devenue un outil d’influence pour les grands groupes, notamment en Afrique.
Les désordres écologiques vont entraîner des déplacements massifs de populations. Les guerres, les désastres économiques et les discriminations sont également des facteurs de migration. Il est crucial de regarder en face ces enjeux et de préparer des réponses adaptées.
L’agence européenne Frontex, composée de gardes-côtes et de douaniers, est en train de se militariser. Elle est sous le coup de plaintes pour maltraitance et non-respect des droits humains. Le Parti communiste demande que ses missions soient revues et placées sous contrôle démocratique.
Les ONG qui effectuent des secours en mer sont persécutées. Il est urgent de sanctuariser le secours en mer et de permettre à ces ONG d’exercer leur mission en toute tranquillité.
Le Parti communiste s’engage à aborder ces questions de manière concrète lors de ses prochains débats en janvier et février. Nous devons analyser pourquoi le vote pour le Rassemblement National a été aussi fort aux dernières élections législatives et proposer des solutions adaptées.
Je vous remercie pour votre attention.