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11es rencontres internationalistes de Vénissieux

Immigration, déconstruire les clichés et s’appuyer sur des faits avérés

Intervention de Patricia Tejas, responsable nationale à l’immigation du PCF
Dimanche 8 décembre 2024

Troisième séance des rencontres internationalistes de Vénissieux, intitulée « l’immigration, le monde, la paix » avec trois séquences, l’immigration vue du sud, l’immigration vue de l’économie, et l’immigration vue de France, avec une introduction de Pierre-Alain Millet, adjoint communiste au maire de Vénissieux, qui évoque l’histoire des liens entre l’Algérie et la France, de l’indépendance aux tensions avec Macron, dans le cadre général des relations entre communistes et nationalistes dans les luttes d’indépendance, Deo Tenda Muzinga, représentant en France du Parti Communiste du Congo, qui rappelle la violente guerre du Congo, guerre initié par l’impérialisme dans un pays aux ressources minières stratégiques pour les industries technologiques, guerre si scandaleusement ignorée par nos médias, Horia Sihi, écrivaine algérienne et militante communiste, qui a connu le développement algérien permis par l’indépendance, puis la décennie noire de la guerre civile, puis la lutte des sans-papiers en France, Issam Othman, du parti communiste du Soudan, qui évoque la longue succession de dictatures et de révolutions avec encore une guerre oubliée depuis 2023 : 250 000 morts, 12 millions de déplacés. Jean-Claude Delaunay, économiste communiste vivant depuis longtemps en Chine qui répond en visio à des questions sur le lien entre développement et immigration en comparant la Chine et l’Afrique, Gérard Ré, responsable national de la CGT pour les luttes des sans-papiers, qui rappelle l’histoire des luttes pour les droits des travailleurs sans-papiers, le rôle de la CGT, l’organisation de grèves cordonnées sur différents sites, les victoires avec des régularisations de grévistes. Il montre que s’attaquer aux droits des travailleurs sans-papiers, c’est s’attaquer à l’égalité des droits, donc à l’ensemble du monde du travail, et donc que défendre les droits au travail des sans-papiers, c’est défendre le droit du travail pour tous.

Des témoignages Vénissians contribuaient à un riche débat, Mohamed-Halifa Laith jeune comorien engagé en France, Samir Toumi, dont le grand-père algérien est arrivé en France au début du 19e siècle, et Zekiri Gambo, burkinabé qui a connu des années de galère comme sans-papiers, avant de construire sa situation professionnelle régularisée, fier de l’histoire de son pays. Notre camarade Ghassane Koumiya, de la voie ouvrière démocratique du Maroc, qui n’a pu participé aux rencontres, nous a transmis une contribution en vidéo.

Patricia Tejas, responsable nationale à l’immigration du PCF, a conclu la soirée en rappelant le cadre juridique de l’immigration, des définitions internationales aux batailles pour le droit de l’accueil, après le débat sur les causes du développement du racisme et de l’extrême-droite et l’enjeu d’une bataille qui parte des situations concrètes vécues par les milieux populaires dans la concurrence pour l’emploi, le logement, les droits.

La séance, présidée par Pierre-Alain Millet, s’est conclu avec deux vidéos de nos camarades autrichiens (Josef Meszlenyi du KPO), et allemand (Renate Kopep, du DKP) puis par un message vidéo aux rencontres de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Comme l’a écrit notre camarade danielle de Gironde, ces rencontres du sud ou de France, du Soudan, du Congo, du Burkinabé, d’Algérie, du Maroc, de Chine, dans un environnement médiatique où les mensonges sont permanents, ouvrent les yeux, les oreilles et le cœur ! Les jeunes qui témoignent comment ils sont arrivés ou comment leurs familles sont arrivées à Vénissieux et accueillies, soignées, allés à l’école et prenant aujourd’hui toute leur place de citoyens, confortent dans le rôle et la place des communistes dans leur ville, leur entreprise, dans toute la société.

Intervention de Patricia Téjas sur les Politiques Publiques et l’Immigration

RI2024 Patricia comp

Tout d’abord, je tiens à vous remercier chaleureusement pour l’invitation à participer à vos travaux. Je m’appelle Patricia Téjas, j’habite dans le Vaucluse, mais je me considère avant tout comme Marseillaise. Née et ayant vécu presque toute ma vie à Marseille, les sujets de l’immigration et du vivre ensemble me touchent de près, étant moi-même fille et petite-fille d’immigrés espagnols.

Mes grands-parents paternels ont quitté l’Espagne avant la guerre civile en 1931, poussés par la faim. Ils ont fait le choix de l’intégration, voire de l’assimilation, en interdisant à leurs petits-enfants de parler espagnol. L’intégration passait par la maîtrise exclusive du français. Ainsi, je connais mal l’histoire de mes grands-parents immigrés, et j’aurais préféré la connaître davantage.

Les politiques publiques, qu’elles concernent le logement, l’accueil ou autres, sont au cœur de nos préoccupations. Le projet de loi de finances et le projet de loi de finances de sécurité sociale pourraient bien être adoptés par l’article 49.3, ce qui signifie que la souveraineté populaire serait encore une fois bafouée. Cela explique en partie le découragement des électeurs, qui se tournent parfois vers des partis extrêmes comme le Rassemblement National ou le parti de Zemmour.

Le Parti communiste n’esquive pas la question des enjeux migratoires et de l’immigration. Nous avons déjà eu des débats en comité exécutif et un grand débat est prévu au Conseil national de février 2025. Cependant, des questions se posent au sein du parti, notamment sur la question des frontières. Nos documents de congrès évoquent un projet communiste visant à dépasser les nations, et donc les frontières, à long terme.

L’ONU consacre le droit de toute personne à quitter tout pays, y compris le sien, et à y revenir. Cependant, les rapports de force internationaux font que les pays riches multiplient les barrières physiques et juridiques. Par exemple, un passeport français permet de séjourner dans plus de 170 pays, tandis qu’un passeport afghan en permet moins de 30.

Les femmes immigrées sont souvent surexploitées. Dans les régions de maraîchage et d’agriculture, elles sont parfois payées en nature, comme avec des paniers de fraises ou des kilos de melons. Elles sont également victimes de menaces et de droit de cuissage.

Contrairement aux idées reçues, la part des populations migrantes n’a augmenté que de 2,9 % à 3,6 % en 40 ans. En France, cette part est passée de 7,6 % à 8 %, contre une moyenne européenne de 9 %. Il est crucial de déconstruire les clichés et de s’appuyer sur des faits avérés.

L’immigration apporte une richesse considérable aux pays d’accueil, mais aussi aux pays de départ. Les rapatriements de fonds internationaux, c’est-à-dire l’argent envoyé par les immigrés à leurs familles restées au pays, sont passés de 128 milliards de dollars en 2000 à 831 milliards en 2024.

L’AFD, chargée d’aider les pays en voie de développement, voit son budget amputé d’un cinquième dans le projet de loi de finances pour 2025. Cette agence, initialement destinée à aider ces pays, est devenue un outil d’influence pour les grands groupes, notamment en Afrique.

Les désordres écologiques vont entraîner des déplacements massifs de populations. Les guerres, les désastres économiques et les discriminations sont également des facteurs de migration. Il est crucial de regarder en face ces enjeux et de préparer des réponses adaptées.

L’agence européenne Frontex, composée de gardes-côtes et de douaniers, est en train de se militariser. Elle est sous le coup de plaintes pour maltraitance et non-respect des droits humains. Le Parti communiste demande que ses missions soient revues et placées sous contrôle démocratique.

Les ONG qui effectuent des secours en mer sont persécutées. Il est urgent de sanctuariser le secours en mer et de permettre à ces ONG d’exercer leur mission en toute tranquillité.

Le Parti communiste s’engage à aborder ces questions de manière concrète lors de ses prochains débats en janvier et février. Nous devons analyser pourquoi le vote pour le Rassemblement National a été aussi fort aux dernières élections législatives et proposer des solutions adaptées.

Je vous remercie pour votre attention.

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