Témoignage de Laith, jeune comorien engagé de Vénissieux
Je suis arrivé à Vénissieux en tant qu’étudiant en 2012, et je tiens à remercier la ville de Vénissieux car c’est ici que j’ai tout appris. J’habite à Vénissieux depuis cette date et je suis aujourd’hui diplômé d’un master en droit des organisations internationales.
Lorsque j’étais étudiant, quand je disais que j’habitais à Vénissieux, on me regardait souvent de travers. Aujourd’hui, je suis diplômé et j’ai travaillé après mes études au Forum Réfugiés, où j’ai accompagné des demandeurs d’asile. Ce témoignage me permet de comprendre les défis auxquels sont confrontés les immigrés en France.
On parle beaucoup d’immigration dans les médias, mais on ne sait pas toujours ce que les immigrés subissent en arrivant en France. Lorsque je travaillais au Forum Réfugiés, j’ai vu des personnes qui quittaient leur pays non par plaisir, mais par nécessité, fuyant la guerre et la violence. Elles venaient en France chercher protection, mais les conditions d’accueil étaient souvent très difficiles. Par exemple, pour obtenir un rendez-vous à la préfecture, les demandeurs d’asile devaient souvent attendre toute la nuit.
Les immigrés ne viennent pas en France pour profiter gratuitement des avantages. Obtenir une carte de séjour n’est pas gratuit : j’ai payé 50€ chaque année pour renouveler ma carte de séjour étudiant, sans aucune ressource financière, car les étudiants étrangers n’ont pas droit à la bourse. Nous devons travailler et cotiser comme tout le monde.
La nouvelle loi d’immigration vise à réguler les conditions pour les étudiants étrangers, mais venir en France est déjà un processus complexe et coûteux. Il faut montrer des ressources financières et fournir de nombreux documents. Ce n’est pas facile.
Depuis mon arrivée, je me suis engagé dans la vie locale, notamment au Conseil de quartier et au Conseil citoyen du développement humain durable. J’ai contribué à la France, non seulement en m’intégrant, mais aussi en participant activement à la vie de la communauté.
Beaucoup d’étudiants étrangers, comme moi, ont créé des entreprises, des cabinets d’avocats, et contribuent ainsi à l’économie française. Aujourd’hui, je travaille à la Métropole de Lyon, au sein de la direction de la protection de l’enfance, où j’accompagne des mineurs étrangers. Leur parcours est souvent semé d’embûches : ils doivent suivre des formations dans des métiers difficiles et sont parfois exploités par leurs employeurs.
La nouvelle loi sur l’immigration rend leur situation encore plus précaire. Ils obtiennent des cartes de séjour temporaires, qu’ils doivent renouveler en trouvant un employeur, ce qui est souvent compliqué. Les employeurs profitent de leur situation, et au moment de fournir l’autorisation de travail, les jeunes se retrouvent en difficulté.
L’extrême droite porte un discours sur l’immigration sans vraiment comprendre les réalités. Si vous demandez à un député d’extrême droite combien coûte une carte de séjour, il ne saura probablement pas répondre. Même des partenaires avec qui je travaille sont souvent surpris d’apprendre que la première carte de séjour temporaire coûte près de 400€.
En conclusion, les immigrés ne viennent pas en France pour profiter du système. Ils contribuent activement à l’économie et à la société française, souvent dans des conditions très difficiles. Il est important de reconnaître leur apport et de les soutenir dans leur intégration.
Témoignage de didier sur l’Immigration et la Lutte Syndicale dans une Entreprise de Métallurgie
Dans notre entreprise de métallurgie, nous avons une équipe diversifiée composée de salariés de différentes nationalités. Parmi nos 15 employés, nous avons trois intérimaires : un Congolais, un Angolais et un Afghan. Les derniers embauchés sont un Colombien et un Albanais. Nous sommes donc en plein cœur de l’immigration, et il est clair que les patrons ne sont pas contre l’immigration.
Le salaire le plus élevé dans notre entreprise est de 12,46 euros de l’heure. Actuellement, nous sommes en pleine négociation pour les salaires, et nous avons réussi à mobiliser tous les salariés, malgré cette diversité. Nos camarades colombiens et albanais sont pleinement engagés dans cette lutte. Lorsque nous parlons de nos salaires, tout le monde est étonné, mais c’est la réalité de la lutte des classes.
Cependant, nous rencontrons des difficultés à mobiliser tout le monde. Il y a un problème, et ce problème, c’est le Parti communiste français. Il faut que le Parti communiste français revienne à la lutte des classes. Lénine disait que les camarades français sont imprégnés de parlementarisme. Il faut revenir à la lutte de classe et que les communistes soient présents dans les entreprises. Mais pour qu’il y ait des communistes dans les entreprises, il faut qu’il y ait un attrait pour le Parti communiste français.
Lorsque nous regardons nos assemblées syndicales, notamment dans la métallurgie, nous voyons beaucoup de jeunes issus de la diversité, mais nous ne les retrouvons pas au parti. Quand nous parlons de la gauche dans l’entreprise, nous parlons de Mélenchon, mais rarement du Parti communiste. C’est un aparté, mais cela illustre nos difficultés.
Nous avons parlé des retraites et des manifestations à Lyon. Nous avons fait de bonnes manifestations, mais nous avons perdu parce que nous n’avons pas réussi à mobiliser dans les entreprises. Il y avait un manque de perspective, et ceux qui n’étaient pas dans la manifestation étaient souvent des aigris, qui ont voté pour l’extrême droite. C’est un constat malheureux, mais c’est la réalité.
En conclusion, l’immigration est une réalité dans notre entreprise, et elle ne pose pas de problème aux patrons. Les salariés, quelle que soit leur origine, sont unis dans la lutte pour de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés. Cependant, il est crucial que le Parti communiste français revienne à ses racines et joue un rôle actif dans les entreprises pour mobiliser les travailleurs et lutter contre les inégalités.
Intervention de Samir Toumi sur l’Immigration à Vénissieux
Bonjour à toutes et à tous,
Je tiens à remercier la section du Parti communiste de Vénissieux pour avoir organisé cette rencontre et pour m’avoir invité à m’exprimer aujourd’hui sur un sujet aussi sensible et crucial que l’immigration, en particulier dans une ville comme Vénissieux.
Je m’appelle Samir Toumi. Professionnellement, je suis responsable d’un équipement jeunesse à la ville de Vénissieux. Je suis également engagé dans diverses causes, notamment le soutien à l’autodétermination du peuple palestinien. J’ai été président de l’association Agir pour la Citoyenneté Rhône-Alpes et je suis le fondateur du mouvement Dynamique des Algériens en France.
L’immigration est une réalité vivante à Vénissieux, façonnée par des histoires individuelles, familiales, de travail et d’intégration. Mon grand-père, par exemple, a travaillé dans les mines à Forbach, et j’ai des oncles qui sont arrivés en France en 1926. Cette présence remonte donc à plus d’un siècle pour certains d’entre nous.
À Vénissieux, l’immigration a toujours été une composante essentielle de notre tissu social et économique. Des générations successives sont venues ici, d’abord pour soutenir l’industrie locale, puis pour chercher un avenir meilleur pour leurs enfants. Ces hommes et ces femmes ont contribué à la vitalité de notre ville, à la richesse de notre culture, et ont forgé cette diversité qui est aujourd’hui l’une de nos grandes forces.
Cependant, l’immigration reste un sujet de débat politique en France, avec la montée du Rassemblement national qui en a fait l’un de ses chevaux de bataille. Les discussions autour de l’immigration sont devenues plus polarisées et parfois marquées par des tensions. Le RN avance des propositions de fermeté, demandant une limitation stricte des flux migratoires et une priorité nationale en matière d’emploi et d’aide sociale. Cette rhétorique trouve un écho auprès de certains citoyens inquiets face aux défis économiques, aux problèmes d’intégration et aux enjeux de sécurité.
Il est essentiel de se souvenir que l’immigration ne se résume pas à des chiffres, mais qu’elle concerne des hommes, des femmes et des enfants. À Vénissieux, l’immigration a apporté de la diversité, du dynamisme économique et une richesse culturelle inestimable. La ville en est un exemple concret, où l’immigration a contribué à la vitalité économique et à la richesse culturelle.
Nous devons éviter les discours simplistes et rester ouverts au dialogue et à la compréhension mutuelle. Les décisions politiques prises aujourd’hui auront des répercussions durables. Il est de notre devoir de veiller à ce que la France reste un lieu où chacun, quelle que soit son origine, trouve sa place et contribue à l’avenir commun.
Nous sommes français à part entière et non entièrement à part. Il est important de le rappeler, même si on nous renvoie souvent à nos origines. Nous sommes fiers de ce que nous sommes et de l’héritage de nos grands-parents et de nos aïeux. C’est une force et une plus-value qu’il faut mettre en avant.
Aujourd’hui, nous sommes présents dans toute la société, que ce soit sur le plan économique, social ou autre. Il est important de le dire, car nous sommes souvent pointés du doigt. Nous sommes nombreux à nous battre pour que la France soit à l’image de ce qu’elle est et rejette tout ce qui est porté par les extrêmes, notamment l’extrême droite et les macronistes, qui tiennent des propos injurieux et dangereux pour la stabilité de notre pays.
Pour finir, j’ai une pensée pour toutes les personnes qui sont aujourd’hui sous les bombes, notamment le peuple palestinien et le Liban, qui souffrent également.
Merci.
Pierre-Alain Millet : Intervention sur la Bataille pour les droits et la concurrence pour le logement
Nous sommes tous convaincus que la bataille pour l’égalité des droits au travail et pour la régularisation de toutes les personnes qui travaillent est essentielle. Le patronat utilise la division pour maintenir son pouvoir, ce qui crée des doutes et des incertitudes pour les travailleurs. Cette bataille est cruciale pour la dignité des personnes, des familles et des enfants. Les situations de logement sont souvent scandaleuses et indignes, nécessitant des mobilisations.
La Réalité de l’Immigration dans l’Agglomération Lyonnaise
Mais je voudrais donner un exemple. Il est souvent dit que les statistiques montrent qu’il n’y a pas d’augmentation de l’immigration. Cependant, la réalité est différente. Dans l’agglomération lyonnaise, tout le monde voit des personnes à la rue, des squats, des tentes dans des parcs. Dans les quartiers populaires, des logements sont squattés et les squatteurs font payer l’entrée aux migrants. Ce n’est pas un cas isolé : à Vénissieux, il y a probablement une centaine de cas, et dans la région, le nombre est encore plus élevé.
La Difficulté de l’Hébergement
Sur la question de l’hébergement, il y a une réelle difficulté. Certains militants disent qu’il faut loger tout le monde dignement, mais les élus sont confrontés à la réalité. Depuis quatre ans, dans le département du Rhône, nous avons créé chaque année 1 000 places d’hébergement et d’accueil, soit 4 000 places au total. Pourtant, selon les statistiques de la Maison de la Vie Sociale, chaque année, il y a 300 personnes de plus à la rue. Si on dit qu’il n’y a pas de problème, on ne va pas s’en sortir parce-qu’il y a de vraies questions.
Les Causes de l’Immigration
Il est important de se pencher sur les origines de l’immigration. Tant que nous restons sur la question de l’accueil sans agir sur les causes, nous ne résoudrons pas le problème. Les guerres sont évidemment une cause majeure, mais pas la seule. Par exemple, en Algérie, un pays qui n’est pas en guerre, pourquoi des familles choisissent de venir en France et se retrouvent à la rue. Ces familles viennent souvent avec un visa, sont hébergées deux mois chez une connaissance, puis se font expulser en raison de la surpopulation dans les logements, quand on est 10 ou 15 dans un T4, il y a toujours des problèmes.
Un Discours Progressiste et Honnête
Il est crucial de tenir un discours progressiste mais honnête, qui ne cache pas les difficultés. En tant qu’élu et adjoint au logement, je suis confronté à ces situations et il est facile de se sentir dépassé. C’est sur ce terrain que se construit le discours de l’extrême droite. Nous devons aborder ces questions de manière franche et constructive pour trouver des solutions durables et justes.
Marie-christine Burricand : réflexion sur la Perte de Confiance envers la Gauche et le Parti Communiste
Il est indéniable que la gauche et le Parti communiste font face à une perte de confiance de la part de l’électorat. Une partie de cet électorat vote contre Macron, mais aussi contre la gauche, y compris des personnes qui votaient auparavant pour des partis de gauche, qu’ils soient communistes, mélenchonistes ou socialistes. Cette perte de confiance remet en question la capacité de la gauche à représenter une véritable alternative sur de nombreux sujets.
Analyse de la Situation aux États-Unis
La situation aux États-Unis est révélatrice de cette tendance. Donald Trump, un populiste d’extrême droite, a remporté des élections en captant une partie de l’électorat populaire, y compris des populations issues de l’immigration. Ces électeurs, qui auraient traditionnellement voté pour le camp démocrate, ont été séduits par le discours populiste de Trump. Cela montre que même des catégories populaires peuvent être attirées par des discours extrêmes lorsque la gauche, enfin, si on peut dire que les démocrates US sont de gauche, ne parvient pas à répondre à leurs attentes et à leurs préoccupations.
La Nécessité de Réfléchir Autrement
Pour le Parti communiste et la gauche en général, il est crucial de sortir des schémas de pensée traditionnels et de réfléchir autrement. Il ne suffit plus de se contenter de marcher ensemble et de se féliciter des actions passées. Il est nécessaire de comprendre les attentes et les préoccupations des électeurs, de proposer des solutions concrètes et de regagner leur confiance.
Un Monde en Guerre et en Tension
La situation actuelle est d’autant plus préoccupante que nous vivons dans un monde en guerre, où les affrontements peuvent prendre des formes extrêmement dangereuses pour les populations. Dans ce contexte, il est impératif que le Parti communiste se réinvente et propose des alternatives crédibles pour les citoyens.
Conclusion
Il y a un moment où je n’ai pas envie de me retrouver avec les mêmes, pour dire je suis vachement contente, on s’est retrouvées, on a marché, c’est bien… J’ai envie qu’il y ait des gens qui bougent dans leur tête et qui sortent de de l’ornière dans laquelle ils sont pour réfléchir autrement.
Et donc comment on fait pour ça ?
Témoignage Zekiri Gambo sur l’Immigration et son Expérience en France
Bonsoir à toutes et à tous,
Je m’appelle Abraham Bassolé et je passe la parole à mon camarade burkinabé.
Je m’appelle Zekiri Gambo, je suis un immigré, mais je me demande ce qu’est un immigré, qu’on me donne une définition. Je suis arrivé en France en 2012 et j’aimerais partager mon expérience et ma compréhension de ce qu’est un immigré.
Je suis arrivé en France en 2012 et je vais commencé par ce qu’expliquait le syndicaliste. J’ai travaillé pour une entreprise pendant un an et demi, gagnant seulement 50€ par semaine. C’était une période de grande peur et d’incertitude. J’ai fait une demande d’asile et j’ai été logé dans un foyer à Givors, accompagné par le Forum des Réfugiés. Mon revenu était de 179€ par mois, ce qui était loin d’être suffisant pour vivre.
C’est la première fois que j’ai l’occasion de parler parce que j’ai eu plusieurs associations qui m’ont demandé, j’ai toujours refusé, je ne sais pas pourquoi je réponds aujourd’hui, parce qu’on a peur.
Aujourd’hui, beaucoup d’immigrés vivent dans la peur. On a peur de s’exprimer, peur de manifester, peur de se voir arracher ses papiers ou d’être rapatrié. Cette peur est omniprésente et empêche beaucoup d’entre nous de s’exprimer librement.
Il n’y a pas d’immigrés, il n’y a que du racisme. Soit on donne une chance à l’immigré, soit on le rejette. Si on fuit la guerre ou la pauvreté et qu’on nous donne une chance de travailler, on travaillera dur et on ne fera pas de bêtises. Comme le dit un dicton africain, « on ne chie pas là où on mange ».
J’ai obtenu 179€ par mois pendant deux ans, mais j’ai travaillé comme les autres. Je n’ai jamais été au chômage et j’ai toujours travaillé dur. Aujourd’hui, je suis chef d’une petite entreprise dans le bâtiment et tout va bien pour moi.
Pourquoi on vient en France ? Moi je viens d’un pays qui est le Burkina Faso, qui est un pays francophone. J’ai atterri en Grèce. A l’âge de 25 ans, 40 ans, c’est pas facile d’apprendre la langue d’autrui. Donc on se dit j’apprends la langue, ça ne va pas, ça concorde pas avec le peuple. On se dit qu’en France, parce que on est une colonie française, on a déjà la communication qui est là, c’est un avantage. Et quand on vient en France, et on est des sans papiers. Pourtant on a des documents qui sont écrits en français. Mon papiers sont écrits en français, pas besoin de traduction.
La Situation en Afrique
Pour finir, je voudrais parler de mes frères africains. Si vous avez la possibilité de vous attaquer à la racine des problèmes en Afrique, ce serait bien. En Afrique noire, les présidents qui nous gouvernent ne sont souvent pas ceux que nous avons élus. Aujourd’hui, mon pays, le Burkina Faso, a un jeune président, le capitaine Ibrahim Traoré, qui est aimé par son peuple. Il est arrivé au pouvoir par les armes, mais il est soutenu par son peuple.
Mon témoignage est celui de quelqu’un qui a vécu l’immigration de l’intérieur, qui a connu la peur et l’insécurité, mais qui a aussi réussi à s’intégrer et à contribuer à la société française. Il est important de donner une chance aux immigrés et de lutter contre le racisme et les préjugés.
Merci de m’avoir écouté.