Intervention de Michèle Picard, maire de Vénissieux, accueillant les délégations des rencontres
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais remercier la section communiste de Vénissieux pour l’organisation de nos 11es rencontres internationalistes et, bien sûr, toutes les délégations présentes. Ces échanges nous ouvrent des horizons internationaux, interrogent les questions politiques, sociales, économiques sous toutes les latitudes. Nous avons besoin de cet état du monde pour renforcer nos politiques communistes et progressistes, les adapter à la réalité de nos pays. Car ce monde qui est le nôtre va mal, très mal. C’est un monde en guerre, d’une rare violence, un monde de grandes et insupportables injustices sociales dans lequel nous vivons.
Il y a bien sûr les territoires palestiniens, l’Ukraine et tant d’autres conflits passés sous silence qui font des victimes civiles et détruisent les territoires. Ce qui se passe dans la bande de Gaza et dans le sud du Liban n’est pas supportable. Le conflit s’est étendu aujourd’hui au Liban, comme suite désastreuse de la surenchère guerrière et aveugle du gouvernement de Benyamin Nétanyahou.
Selon les derniers bilans, 43 374 personnes sont mortes dans le territoire palestinien depuis octobre 2023. Un chiffre effarant, terrible, inacceptable. Des femmes, des enfants, des personnes hospitalisées, des milliers de civils meurent sous les bombardements de l’Etat d’Israël. Sur place, les témoignages apocalyptiques donnent une idée de la violence des combats et laissent présager le pire à Gaza. Le territoire palestinien est à ce point ravagé que les infrastructures fondamentales pour la santé, la gestion de l’eau et de la nourriture, ne peuvent plus répondre aux besoins des habitants et de la population. On parle aujourd’hui d’un risque croissant de famine pour les Palestiniens et c’est dans ce contexte qu’Israël a officiellement notifié les Nations unies qu’il mettait fin à l’accord encadrant depuis 1967 ses relations avec l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Le nombre moyen quotidien de camions autorisés par Israël à entrer dans Gaza est tombé à 30 en octobre. « Cela ne suffit pas pour répondre aux besoins de plus de 2 millions de personnes, dont beaucoup sont affamées et malades et vivent dans des conditions désespérées », prévient un membre de l’agence de l’ONU. « Si cette loi est mise en œuvre, elle risque de provoquer l’effondrement de l’opération humanitaire internationale dans la bande de Gaza, opération dont l’UNRWA est la colonne vertébrale. ».
Le monde doit ouvrir les yeux sur les souffrances de tout un peuple, et nous devons réclamer de toute urgence un cessez-le-feu immédiat à Gaza comme dans le sud du Liban. Le droit international doit être le même pour tous.
Vous le savez, les liens entre Vénissieux et Jénine sont forts et indéfectibles, tout comme avec le peuple palestinien. C’est à ce titre que je dis qu’il n’y aura pas de solution armée à ce conflit, mais une solution politique avec la constitution de deux Etats souverains et reconnus dans le respect des résolutions adoptées par les Nations Unies.
Tous les communistes que nous sommes veulent la paix dans le monde et la justice sociale. L’une ne va pas sans l’autre. Car c’est bien le capitalisme qui nourrit les fractures sociales et économiques entre les pays. La mondialisation induit de nombreux effets pervers et provoque l’exacerbation des inégalités, qui se creusent à une vitesse vertigineuse.
Le développement de la pauvreté n’est plus concentré dans quelques poches oubliées du globe, mais devient un phénomène planétaire. Nous marchons sur la tête. Où sont les priorités ? Dans les dividendes ou dans les politiques éducatives, de la santé, du co-développement des pays pauvres ? Les crises s’enchaînent, sanitaire, économique, climatique, et pendant ce temps-là, la fortune des milliardaires a augmenté de 3300 milliards de dollars depuis 2020. On est arrivé à ce stade indécent, en forme de spoliation des richesses à l’échelle de la planète, où les 1% les plus riches détiennent 48% de tous les actifs financiers mondiaux !
En France, depuis 2020 toujours, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, l’équivalent d’un chèque de 3400€ pour chaque Français, lesquels font face avec d’énormes difficultés à l’inflation. C’est ce système inégal qui crée des fractures profondes dans nos sociétés. Notre système de santé est exsangue alors que les profits dans le privé explosent.
L’extrême-droite fait des immigrés des boucs-émissaires responsables de la crise économique et sociale, elle profite de toutes les fractures et de toutes les divisions de notre société pour faire avancer ses politiques de haine, de rejet, ses politiques discriminatoires et ségrégationnistes qui sont une véritable menace pour l’Etat de droit et notre République.
C’est au parti communiste et aux forces de gauche de s’emparer de toutes ces questions, aussi bien internationales que nationales. Tout au long de son histoire, le PCF a montré sa capacité à rendre la société française plus égalitaire, plus solidaire, à l’émanciper et à la protéger du péril nationaliste et populiste. Il n’y a vraiment pas de temps à perdre car je considère que le Rassemblement National est plus proche que jamais des portes du pouvoir. Partout en Europe, l’extrème droite ne cesse de monter quand elle n’est pas au pouvoir comme en Italie.
Le désarroi est tel dans nos démocraties que la tentation d’un régime autoritaire, populiste gagne du terrain dans la population. La réélection de Donald Trump en est la preuve la plus récente. Il faut se mobiliser, se battre, exiger la paix tant toutes ces victimes innocentes nous font mal au cœur, nous bouleversent, nous révoltent aussi. Agissons, agissons, alors qu’il est encore temps, recréons des solidarités, du lien social, donnons des moyens à nos services publics d’Etat et de proximité, c’est par cette main tendue que nous sortirons des crises à répétition que le capitalisme génère dans sa course folle. Les Partis Communistes de tous les pays savent remettre la place de l’humain au centre des actions et des utopies politiques. Car il faut aussi une part de rêve, d’inaccessible pour avancer collectivement.
Le moteur de la gauche est là, dans les priorités sociales, économiques, éducatives, culturelles, que nous devons relancer dans un grand plan d’urgence d’Etat. Dans un monde déboussolé et livré aux forces de l’argent, il n’y aura pas de paix sans une répartition des richesses plus juste entre le Nord et le Sud, entre l’Ouest et l’Est. Aujourd’hui le monde s’enfonce dans le brouillard, et si nous restons les bras croisés, il s’enfoncera dans le chaos et le drame. Alors levons-nous, ensemble et unis contre les forces de l’argent et les marchands de canon, un autre monde est possible !
Merci à ces débats, échanges, témoignages qui éclairent les enjeux de notre siècle, merci enfin à vous tous et à toutes les délégations présentes lors de ces 11es Journées Internationalistes. La ville de Vénissieux est heureuse de vous accueillir et je souhaite à chacun de vous un bel après-midi.