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11es rencontres internationalistes de Vénissieux

De l’indépendance aux BRICS, l’Algérie bouscule la France et le monde…

Vendredi 22 novembre 2024 — Dernier ajout lundi 2 décembre 2024

Nos camarades communistes algériens n’ont pu participer à nos rencontres et pourtant, l’Algérie est un des acteurs qui compte de ce monde multipolaire qui se construit de manière accélérée, et c’est aussi un pays essentiel dans l’histoire de la France, de l’impérialisme français en Afrique puisqu’il y a 62 ans, en 1962, la révolution algérienne donnait une leçon au colonialisme.

Alors je vous propose une courte vidéo pour dire l’importance que les communistes, et notamment les communistes de Vénissieux accordent à cette histoire, quelques extraits d’une vidéo plus longue que vous trouverez sur le site levenissian.fr qui raconte un voyage inoubliable pour nous en 2022, un voyage à la rencontre de la lutte pour l’indépendance algérienne en lien fraternel avec les communistes algériens.

Brefs instants d’un voyage inoubliable dans la révolution algérienne

Il y a beaucoup plus à voir dans la vidéo complète [1], mais ces extraits disent l’essentiel. Il y a des moments historiques qui sont fondateurs pour les militants communistes, il y a la génération Vietnam, la génération Mandela, la génération Angela Davis, la génération Algérie. Nous sommes les héritiers de noms qui sont pour nous des géants, Madeleine Riffeau, Henri Alleg, Raymonde Dien, Henri Martin… Et nous avons nos géants locaux comme le brigadiste Francis Pachès, sans oublier la résistance… C’est ce que nos camarades de la commission internationale doivent comprendre, nous couper de l’histoire communiste internationale, c’est nous arracher les tripes !

Pourquoi ce retour à l’histoire, l’histoire récente de ce voyage, qui était un voyage de mémoire sur l’histoire de la révolution algérienne, avec dans ce voyage d’histoire, une référence de notre camarade Zoheib Bessa sur l’histoire plus ancienne encore de la naissance de l’objectif de l’indépendance nationale algérienne suite au choix de l’internationale communiste du soutien aux revendications nationales. C’est un débat important de la création de l’URSS après la révolution d’octobre, avec le débat sur la constitution de l’URSS comme une union de républiques, mais aussi du 2e congrès de l’internationale communiste avec le débat entre Lénine et Sneevliet, un dirigeant communiste indonésien, débat sur les relations entre nationalistes et communistes.

En Indonésie, il y a une alliance forte entre eux, d’autant que le principal mouvement nationaliste islamiste, le Sarekat Islam, avait un discours très anticapitaliste contre les classes supérieures. Il était sensible aux idées marxistes évoquant même une synthèse naturelle entre l’islam et le communisme. Lénine défend la position de l’internationale communiste de soutien aux luttes nationales, mais alerte sur la nécessité de garantir l’autonomie du mouvement communiste, en prévenant qu’une fois la question nationale gagnée, les forces nationalistes se retrouveraient le plus souvent du coté de la bourgeoisie ! Alerte prémonitoire dans le cas de l’Indonésie, puisqu’on sait que la dictature de Suharto s’est construite dans un massacre de masse des communistes en 1965, un million de morts.

On retrouve ces tensions dans les relations entre le Hezbollah et les communistes libanais, ou entre le Hamas et le FPLP, avec dans les deux cas, une conquête violente par le nationalisme religieux de régions de forces communistes. Gaza était une région forte des mouvements marxistes avant que Israël ne finance l’installation de ce qui allait devenir le Hamas. Pourtant aujourd’hui, dans les deux cas, les forces nationalistes et communistes sont du même coté du front, celui de l’indépendance nationale.

C’était le débat du deuxième congrès de l’internationale communiste, les luttes de classes qui sont le moteur de l’histoire, ne peuvent se développer dans les mêmes conditions selon la situation nationale. Les luttes nationales peuvent exprimer pour un temps les luttes de classes, même si après l’indépendance, elles reprennent d’autres formes et peuvent diviser ceux qui étaient alliés dans la lutte pour l’indépendance.

C’est aussi l’histoire de l’indépendance algérienne, avec dès novembre 1962, l’interdiction du PCA qui poursuit un temps ses activités avant que Boumedienne n’impose par la force le parti unique, tout en s’inscrivant dans une forme de développement socialiste dans l’alliance avec l’URSS, jusqu’à la rupture avec l’arrivée de Chadli et du libéralisme… qui a créé les conditions de la décennie noire face au terrorisme. Il faudrait revenir sur les débats des communistes de l’époque sur l’hypothèse d’une voie socialiste nationale portée par l’armée en quelque sorte sans luttes de classes, sans direction de la classe ouvrière.

Ce n’est pas une question algérienne, mais bien plus large, une position soviétique qui est évidemment en lien avec la guerre froide et la recherche par l’URSS d’un cadre de compromis avec le capitalisme occidental. Les communistes soudanais, un grand parti communiste comme celui d’Indonésie, étaient opposés à ces stratégies d’alliance défendues par Brejnev avec le pouvoir soudanais de l’époque. Vous trouverez un article à ce sujet sur le site lepcf.fr, en rupture avec Moscou, la voie originale du Parti communiste soudanais.

Et cette question se retrouve aujourd’hui dans le basculement du monde faisant face à la crise profonde de la domination occidentale qui produit la fascisation de ce qui était présenté comme le camp de la démocratie, celui de la démocratie bourgeoise… ce que les communistes appelaient la démocratie formelle.

Danielle Bleitrach qui publie chaque jour ou presque sur l’histoire des BRICS a montré comment la rencontre entre Chavez et Poutine en 2001, rencontre pourrait-on dire entre un nationaliste de gauche et un nationaliste de droite, tout deux confrontés aux USA, a esquissé ce qui allait devenir les BRICS, devenu avec le sommet de Kazan de manière affirmée une organisation du monde alternative à la domination occidentale, qui ne recherche par la guerre mais la coopération, tout en considérant que si l’occident n’en veut pas, le reste du monde peut faire sans lui. Attention, aucune naïveté dans les BRICS, ils ont bien conscience du niveau de violence dont l’occident est capable, encore plus avec l’arrivée de Trump, et le choix de la Russie d’affronter militairement l’OTAN en Ukraine est évidemment une démonstration de force qu’on peut résumer, « nous voulons coopérer pour le développement, mais vous ne pourrez plus nous imposer vos règles par la force ».

L’histoire des BRICS est l’objet d’une bataille politique permanente pour cacher l’essentiel, le renforcement accéléré sous une forme nouvelle d’un monde multipolaire indépendant de l’occident et capable de faire face à l’OTAN. Dans le cas de l’Algérie, on sait qu’elle devait rejoindre les BRICS au sommet de Johannesburg en 2023, ça n’a pas été le cas et il y a deux mois, beaucoup de médias disaient que le président Tebboun avait tourné la page des BRICS. Mais à Kazan, l’Algérie rentre bien comme partenaire des BRICS. Il y a bien sûr des contradictions internes, entre pays membres ou partenaires des BRICS, et donc des progrès et des difficultés, mais c’est l’invention d’un nouveau modèle qui est sans doute plus robuste que le modèle occidental centralisé et sous domination violente des USA, ce que montre la demande d’adhésion aux BRICS de la Turquie, membre de l’OTAN.

De ce point de vue, tout comme Lénine évoquait la nécessité du front uni dans les luttes nationales il y a un siècle, tout en alertant sur la nécessaire autonomie du mouvement communiste, on peut défendre aujourd’hui le front uni du Sud Global, tout en montrant le rôle essentiel du socialisme comme réponse nécessaire à un développement qui ne réintroduise pas la domination capitaliste, donc impérialiste.

C’est évidemment le contexte des relations entre la France et l’Algérie et des tentatives désespérées de Macron d’exister dans une fuite en avant toujours plus marquée par la soumission aux intérêts US. On entend souvent dire dans les milieux populaires « Chirac au moins avait su dire non », mais c’était encore une France qui n’avait pas rejoint l’organisation intégrée de l’OTAN, qui conservait des éléments de la souveraineté conquise par la résistance et le compromis historique entre le nationalisme gaulliste et les communistes.

Pour sa réindustrialisation, la France aurait besoin de coopérations avec d’autres puissances technologiques que les USA. On le voit bien avec l’énergie et la vente scandaleuse par Marcon de ALSTOM qui continue à détruire des sites industriels de General Electric, qui faisait suite à l’emprisonnement d’un dirigeant du groupe aux USA ! On ne peut réindustrialiser sur les seules bases nationales, il faut des échanges à condition qu’ils soient gagnants-gagnants comme disent les chinois. L’ouverture de la France a un échange équitable avec le Sud et à la sortie des règles de la concurrence de l’Union Européenne pour construire aussi une coopération équitable avec l’Europe et notamment l’Allemagne est un enjeu essentiel de toute perspective de développement d’une république sociale !

La France a besoin de coopérations avec le sud et l’Afrique, et notamment avec l’Algérie, pour l’énergie, mais aussi parce-que les deux peuples sont des frères liés par une histoire mêlée de violences et de fraternité. Il faudrait un grand accord France Algérie pour sortir d’une immigration de l’exploitation, et faciliter des échanges dans le droit et la dignité de tous, en combattant les trafics, car bien sûr qu’il y a des trafics comme ces jeunes algérois recrutés par les réseaux de drogue et exploités comme des esclaves dans des squatts de nos quartiers. Mais comment coopérer sur ce sujets avec l’Algérie si on ne sort pas d’une position néocoloniale occidentale ? On a bien vu au Niger, au Mali, au Burkina Faso que la France ne sait pas considérer les pays comme indépendants et que nos interventions militaires ne sont conçues qu’au service d’intérêts économiques français.

C’est aussi bien sûr une question de mémoire, mais on ne peut pas se contenter de symboles, il faut des actes sur le développement aujourd’hui de coopérations qui évitent que les compétences algériennes soient préemptées en occident tout en multipliant les échanges. Il y aurait besoin d’un grand plan de coopération universitaire, technologique, diplomatique. C’est nécessaire aussi pour sortir de cette situation indigne de familles algériennes sans papiers en France à la rue.

Les communistes de Vénissieux continueront de développer des relations avec l’Algérie, avec les communistes et les progressistes, mais plus généralement entre les habitants. J’ai entendu parler d’un salon de l’Algérie à Vénissieux… mais ne le répétez pas !

[1ou dans une autre vidéo sur des souvenirs de voyages, souvenirs humains et culturels aussi

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