Intervention de Jihad et Wafa Raad, du parti communiste libanais
Après plus d’un an d’une guerre d’extermination contre Gaza, et des actes intensifiés de colonisation en Cisjordanie, où des destructions planifiées des hôpitaux et infrastructures ont entraîné la mort de dizaines de milliers de civils dont plus de 13 000 enfants et la destruction généralisée de ses écoles, et des moyens élémentaires de subsistance, le régime israélien s’est lancé depuis presque deux mois, dans une opération d’agression à grande échelle contre le Liban.
Ici, il faudrait souligner qu’avant 1982, date de l’invasion israélienne du Liban atteignant sa capitale Beyrouth, il n’y avait ni Résistance ni Hezbollah. Contrairement donc, à ce que veulent nous faire croire les « grands » médias, et même les déclarations de certains partis dits de gauche, il ne s’agit pas d’une guerre « contre le Hezbollah », mais contre tout un peuple.
Les ambitions expansionnistes des gouvernements israéliens ont toujours existé et se sont amplifiées avec le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou.
Les ministres israéliens l’ont exprimées et répétées à plusieurs reprises.
L’attaque ne vise donc pas seulement la liquidation de la structure militaire du Hezbollah mais le Liban, son sort et son existence.
A ce sujet, nous aimerions souligner notre position vis-à-vis de Hezbollah.
Il est vrai que c’est le Hezb en alliance avec la Syrie et l’Iran qui étaient les puissants au Liban, nous a remplacés, nous communistes qui avons annoncé la naissance de la Résistance nationale libanaise en 1982, et mené à travers elle les opérations les plus importantes, par la Résistance islamique libanaise et il est vrai que nous ne sommes pas unis avec le Hezb dans une alliance quelconque, car nous ne sommes pas d’accord avec lui sur toutes les questions de politique interne, qu’il s’agisse du changement requis ou du système politique souhaité. Mais nous le rencontrons dans la résistance à l’ennemi. En effet, le Hezb protège le système sectaire, donc protège les corrompus au pouvoir et s’est opposé aux revendications populaires des manifestations dans la rue en 2019, ce qui a contribué à plonger le pays dans une crise politique et économique qui se poursuivent encore aujourd’hui.
Mais il n’en reste pas moins qu’à l’heure actuelle, le dernier mot est pour le champ de bataille comme on dit et le Hezb est le seul capable de résister efficacement à l’ennemi israélien, réalisant ainsi un des principaux buts de notre parti qui disent : (dans un rapport du Conseil Central, donc entre guillemets)
- Israël est un ennemi et a des ambitions expansionnistes au Liban et dans la région.
- L’agression israélienne vise le sort du Liban et son existence en tant que nation, entité et peuple.
- Le peuple libanais a le droit de résister à l’agression et à l’occupation. Il s’agit plutôt d’un devoir national auquel chacun doit adhérer et en assumer la responsabilité, pour défendre le Liban et ses pleins droits.
Les faits disent donc, que si on voulait résister contre l’agression barbare de notre pays, on n’a qu’un seul choix : soutenir les combattants sur le terrain, leur donner raison, se réjouir de leurs victoires et ne pas les critiquer sous un quelconque prétexte.
Aujourd’hui, le Liban connaît des destructions massives et planifiées des villes et villages, des massacres de civils 3243 morts et 14134 blessés jusqu’ à il y a cinq jours, selon le ministère de la santé au Liban, sur une population de 5 millions et demi, des transformations démographiques massives : un million quatre cent mille Libanais déplacés, un million et demi de réfugiés syriens et deux cent mille réfugiés palestiniens, au milieu de l’effondrement presque complet de la plupart des institutions constitutionnelles, administratives et de service de l’État.
Ces changements politiques, militaires et démographiques majeurs confirment que l’ennemi se prépare à cette attaque depuis des années. Il est certain, que cette préparation a été réalisée en coopération pleine et détaillée avec les États- Unis d’Amérique et le reste des pays de l’OTAN.
Les photos et les informations qui nous parviennent, non pas par les médias français, un silence douteux y règne, mais par les réseaux sociaux, révoltent le monde entier dans sa jeunesse, ses partis communistes et progressistes et ses intellectuels humanistes.
Au Liban, Netanyahou cherche à imposer un nouvel accord de capitulation.
L’application de la résolution 1701 qui stipule l’établissement d’une zone tampon démilitarisée jusqu’au fleuve de Litani, dans laquelle ni la résistance ni le peuple ne seront présents, et où l’armée libanaise et la FINUL assumeront la responsabilité de protéger la sécurité d’Israël, donc l’application de cette résolution demandée par les dirigeants libanais pour mettre fin à la guerre, n’est plus suffisante pour Netanyahou, comme l’a déclaré au début de l’escalade au Liban.
Son projet d’expansion jusqu’au Grand Israël implique le pillage des richesses gazières du Liban, ainsi que des eaux du fleuve Litani. Notons que Netanyahu n’a pas hésité, au plus fort de l’escalade de ses plans agressifs, à demander l’annulation de l’accord de démarcation maritime précédemment signé avec le Liban et qui permet au Liban d’extraire le gaz dans ses territoires maritimes.
Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite vise aussi à frapper l’incubateur populaire de la résistance. La poursuite des déplacés dans les villes ou villages accueillants par les bombardements, vise à semer la discorde entre les Libanais. Une arme que le gouvernement israélien utilisera même après le cessez le feu au Liban. Et tout le monde sait que le Liban est un terrain fertile pour les alignements et les divisions.
Au niveau régional : le plan de Netanyahou et derrière lui les pays de l’OTAN, vise à liquider une fois pour toutes la cause palestinienne. Il vise également à retrouver sa fonction dans la région, et réaliser son ambition de jouer un rôle fondamental, voire de leadership, dans le cadre d’un projet, déclaré depuis l’invasion israélienne du Liban en 2006 : Le nouveau Moyen-Orient et dont la carte a été soumise par Netanyahou aux Nations Unis.
Ces actes d’agression et ces crimes commis par l’entité ennemie, avec le plein soutien des puissances de l’OTAN, entraînent le Moyen-Orient dans une spirale désastreuse de conflit et peut-être dans une guerre régionale. Les gouvernements occidentaux, en particulier ceux des pays de l’OTAN, portent la responsabilité des crimes commis contre les peuples palestinien, libanais et ceux de la région, par leur pleine participation à l’armement d’Israël et le soutien ouvert, par toutes les ressources financières, politiques, diplomatiques, médiatiques et de renseignement, et par l’envoi de leurs forces aériennes et navales dans la région, en vue d’une agression plus large.
Le génocide est toujours en cours à Gaza et la guerre continue et frappe au Liban à tel point qu’en regardant les photos de destruction et de massacres de civiles, femmes, enfants et familles entières sous les décombres, on ne sait pas si cela se passe à Gaza ou au Liban. Les bombardements utilisant des bombes phosphoriques et autres interdits selon le droit international s’abattent de façon barbare pour tuer et détruire sans aucune distinction. Netanyahou avait menacé de faire du Liban, un Gaza 2.
Nous savons que nous avons devant nous des jours et des mois difficiles.
La nouvelle de la nomination par Trump (s’il s’avère vrai) de Mike Huckabee, cet ultraconservateur proche du gouvernement Netanyahou et qui est présenté comme un partisan de la colonisation de la Palestine, en tant qu’ambassadeuraméricain en Israël, ne donne pas à espérer d’un cessez le feu rapide à Gaza et au Liban.
Netanyahou avec le feu vert des Etats-Unis continuera de perpétrer le génocide à Gaza et son agression barbare contre le Liban, aussi longtemps qu’il le voudra.
Tout porte à croire que rien n’arrêtera Netanyahou dont l’impunité est assurée par le véto américain. Il ne s’arrêtera que s’il était forcé.
Seule la résilience et la résistance sous toutes ses formes peuvent arrêter le criminel Netanyahou.
Ces derniers jours la résistance libanaise a remporté d’importantes victoires sur l’ennemi et infligé de lourdes pertes à son armée, qui n’a pu jusqu’à présent, malgré ses tentatives quotidiennes d’occuper des terres, d’y rester sur un pouce.
L’ennemi israélien n’est capable de faire autre chose que, des massacres et des destructions.
Parmi les procédures d’urgence auxquelles notre parti donne la priorité : (entre guillemets)
- Annoncer une mobilisation populaire et nationale globale, fournir des armes à tous ceux qui veulent résister à l’ennemi et mobiliser les énergies d’organisation et de formation dans le cadre d’une résistance nationale et populaire globale.
- Renforcer l’unité nationale en résistant à l’agression et en affrontant strictement quiconque tente de semer le chaos et les conflits.
- Garantir les exigences essentielles des personnes déplacées et faire face aux répercussions des déplacements internes.
Quant à nous en France, par nos rassemblements tous les dimanches, par nos manifestations avec des Palestiniens et des Français, par la campagne boycott, par le partage des publications qui condamnent la politique des pays de l’Otan sur les réseaux sociaux, … etc, nous aspirons à influencer sur la politique étrangère française pour se désolidariser des plans de Netanyahou, imposer les sanctions nécessaires contre Israël et jouer un rôle actif dans l’arrêt des guerres jusqu’à trouver une solution politique qui garantira la souveraineté et le développement de notre pays.
Nous appelons également les peuples du monde libre et les forces communistes, en particulier le PCF, les syndicalistes et progressistes de divers pays à contribuer, à mobiliser et à renforcer la vaste campagne de solidarité politique, populaire et médiatique pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat et mettre fin à l’agression israélienne et ses crimes contre les peuples libanais et palestinien.